Dans un monde en perpétuelle évolution, la demande sans cesse accrue en eau et en denrées alimentaires fait face à une offre de plus en plus limitative. Le récent recours à l'industrialisation de l'agriculture ne manque pas de dangers et touche un facteur clé du paysage : l'érosion de la diversité génétique autochtone résultant de l'utilisation de nouveaux génotypes (améliorés ou génétiquement modifiés) plus performants sous les nouvelles conditions de cette industrialisation. Or, les changements climatiques ont déjà aggravé la précarité continuelle de l'offre en eau et engendré une transformation rapide des agro-écosystèmes dont une aridité galopante mettant en danger des zones et écosystèmes ayant contribué jadis à leur essor. Les paysages et les pratiques locales ont toujours joué un rôle essentiel dans la gestion de la biodiversité qui est menacée par les pressions exercées par l'Homme. En régions arides, changements climatiques, exploitation anarchique et dégradation des terres appauvrissent les ressources naturelles et affectent doublement le patrimoine en déstabilisant et /ou fragilisant des écosystèmes sensibles et en mettant en péril un patrimoine génétique autochtone adapté ayant permis, grâce à un savoir faire local de mettre en valeur ces milieux et d'arrêter l'avancée du Sahara. La Tunisie aride a été pionnière en matière de gestion intégrée de l'agrodiversité et la richesse des alternatives multiséculaires