En marge de l’exposition sur le thème de la chirurgie chez les Arabes, une conférence contenant deux interventions a été tenue au siège même de la Cité des Sciences à Tunis.
La première intervention par le professeur Anouar Jarraya, Pédosychiatre, est intitulée L’Anesthésie chirurgicale au dixième siècle sous les Aghlabides
La chirurgie était connue des plus anciennes civilisations (Mésopotamie, Egypte ancienne, Inde et Chine). De tout temps les chirurgiens avaient pour principal souci de lutter contre la douleur et d’empêcher un mouvement brusque ou imprévu des patients quand ils sont opérés. Pour cela, les chirurgiens disposaient de plusieurs breuvages enivrants, telles que les boissons fermentées et alcoolisées, ou à base de plantes à effets soporifiques, telles que la mandragore, la Jusquiame, la belladone et les pavots. Lesquelles plantes donneront par la suite la morphine et l’opium. On avait l’habitude alors d’ingérer les produits au patient avant de l’opérer, sauf que tous ces breuvages posaient parfois problèmes en rapport avec la dose prescrite et sa durée d’action. L’apport des médecins arabes et spécialement kairouanais a consisté à introduire l’inhalation à partir d’une éponge soporifique, imbibée de mélange de produits végétaux : mandragore, jusquiame et pavot. Cette technique a marqué un progrès réel en ce qu’elle a permis de se passer de l’ingestion et la substituer par l’inhalation. Par conséquent, elle a permis d’être à même de mieux contrôler la durée de l’anesthésie et en même temps la profondeur de l’endormissement. Cette nouvelle technique à l’époque de Ahmed El Jazzar, illustre médecin kairouanais, souligne l’apport de l’Ecole kairouanaise à l’essor médical au dixième siècle.
La deuxième intervention par le Professeur Ahmed Dhiab, Professeur de chirurgie orthopédique et de traumatologie et Docteur en anthropologie humaine, est intitulée la Chirurgie Arabe
Au cours de son intervention le Professeur Ahmed Dhieb a parlé de tous ses efforts à vouloir dénicher quelques instruments chirurgicaux portant des noms d'origine arabe. Quelle fut alors sa grande surprise d’en découvrir quelques-uns mis au point par d’illustres chirurgiens arabes et musulmans de l’époque d’entre le 8ème et le 15ème siècle. Lesquels instruments leur ont permis d’être les pionniers dans la réalisation d’opérations chirurgicales d’une rare minutie. Et ce sont ces mêmes opérations qui sont réalisées aujourd'hui de la même manière, et ce depuis milles ans. Et le Professeur Dhieb nous a appris que la conception de ces instruments témoigne d’un effort de réflexion entrepris par ces mêmes chirurgiens, laquelle réflexion les a conduits jusqu’aux ateliers d’artisans menuisiers et forgerons pour les fabriquer de leurs propres mains. Bon nombre d’illustrations de ces instruments figurent dans des manuscrits et des traités de chirurgie de cette époque. Après avoir rassemblé quelques-uns et après les avoir reproduits à l’identique, le plus fidèlement possible, le Professeur Dhieb espère trouver quelques réponses à ses multiples interrogations.
